Mes week-end prolongés à Lille ne se suivent pas, et ne se ressemblent pas. Vraiment non plus.

J’ai envie de dire que j’ai rien écrit, c’est presque pas mentir : j’ai rien tapoté dans le train, devrais même dire les trains, j’ai rien tapoté jusqu’au bout de la nuit comme parfois quand je suis emportée…

Mais j’ai pas rien écrit. J’ai mis une heure à choisir un nouveau carnet, chez la sorcière verte (mon fournisseur officiel). L’élu s’étant autonommé “carnet de bonheurs” j’ai entrepris d’y lister les sourires, ceux de la vie réelle, bruts ou poétisés, datés, limités à une ligne chacun. La troisième page est déjà entamée, cinquante-six sourires enregistrés, relus une fois en souriant mais celui-là ne se compte pas.

S’y mélangent avec d’autres. Voir passer des gares aux noms improbables. S’égarer dans Calais, atterrir devant un chocolat chaud. Profiter de l’arrêt du train pour écrire droit. Une biche sautillant dans un champ, entre deux nappes de brouillard. Découvrir les fauteuils et le thé blanc du café citoyen, surtout les fauteuils. Ne voir le temps passer qu’au soleil qui glisse sur la peau. La soirée épicée d’anecdotes enfantines. Savourer le fait qu’elle s’éternise. Scanner des photos d’enfance, en picorant quelques chouchous. Rester connecter aux rêves après le réveil, clignoter entre deux. Les nouvelles couleurs du TGV ? Ce trajet qui, assoupie, passa si vite. Retrouver les baisers de celui. Dormir jusqu’en début d’après-midi.