myel ~anachronism

version 8

Coudre les jours derniers

Le retour de vacances c’était vendredi dernier. Une éternité quand on n’a rien écrit. La hantise du “Est-ce bien arrivé ?” s’est réveillée hier, sur un bête sms effacé par mégarde en y répondant. Entorse involontaire à la manie (une de plus) de conserver le plus récent des messages de chacun… Je n’avais plus que ma réponse en tête témoin d’un instant de réalité.

Comme pour ces jours derniers. J’ai rien écrit que déjà tout s’abîme, se mélange : Bastille sous la pluie, les sushis dévorés des yeux, allers en retours à la gare accompagnant mes compagnonnes, la nuit blanche-craie qui s’en suivit, la fête des pères en hôte surprise, qui dura jusque mercredi, la veille emplie d’une ballade parisienne avec l’expédition en une minute du “bon anniversaire papy” et en pas plus de temps la livraison d’ “on ne consulte pas dans ce service”, merci. J’insinue par ci par là le ménage, la valise à décharger, un bain, les essayages pour la soirée, les courses à pied… Autant dire que j’étais loin d’enregistrer j’étais loin du pc.

J’ai eu l’image de la couture de la réalité, déformée par mon regard courbe et le fait que je ne sache pas coudre. Le plan c’est trois pas en avant, deux yeux en arrière, pour s’assurer que la jointure est bien solide, se rassurer ça ne va pas craquer, s’effilocher… J’entends une prof d’anglais nous dire il y a quinze ans qu’il faut oublier sept fois ce qu’on apprend avant de le graver vraiment. Je sais bien que c’est faux car elle n’a dit cette phrase qu’une fois. Pourtant la confiance accordée à ma mémoire, brute, diminue ; tandis que le besoin de figurer par les mots les sentiments s’accroit d’autant. J’aurais jamais dû citer sur ce blog mon hypothétique Alzheimer futur, ça me plante sur le bout des doigts des doutes, ça picote des accrocs dans la couture naturelle du cerveau. Ça m’oblige à m’enrouler dans ce fil de mots, pour ne pas me laisser embobiner un jour par l’imagination.

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