Je n’suis pas de mauvaise humeur, bien que le temps ruinant la reprise des vide-greniers m’agace quelque peu. Mais c’est une question d’équilibre, je dresse des listes de sourires, donc celle des grognements et des angoisses s’impose.

* J’ai la trouille des portes à peine entrouvertes, ça me donne l’impression d’être observée, que des yeux pourraient se mettre à briller à tout instant dans le noir apparent.

* Je fais la grimace rien qu’en pensant à mélanger des fruits acidulés à du chocolat (fruits rouges, agrumes, pommes…).

* C’est pas que je n’aime pas les araignées. Ou les insectes en général. Je n’aime pas ce qui peut surgir comme de nulle part et nous sauter aux yeux ou ailleurs. Je n’aime pas ce qui peut parcourir ma peau la nuit sans mon autorisation. Je n’aime pas ce qui procure des piqûres et des démangeaisons. J’inclue donc aussi les moustiques.

* J’ai des angoisses quand je pense à la circulation sanguine, et à tous ces micro vaisseaux que je compresse en m’asseyant, en marchant, en faisant n’importe quel geste on écrase toujours une partie de son corps (ô joies de la mer et de la piscine qui m’extraient cette angoisse). C’est l’étonnante solidité du corps qui me fascine, en rapport à la fragilité de toutes ses composantes, qui m’effraie.

* Je n’aime pas qu’on me voit manger, au restaurant je choisis ma place en fonction du sens où le moins de personnes dans la salle pourront me regarder. Je sais très bien qu’elles ne vont pas le faire, mais c’est moi qui décide. Si je trouve une place face au mur je suis ravie.

* Je ne sais rien faire d’ailleurs quand on me regarde. Je ne peux pas travailler en paix s’il y a une porte dans mon dos, avec des gens qui passent et d’autres qui s’arrêtent. Le pire étant qu’on fixe mon écran pendant que j’écris. Je n’aime pas présenter un travail non fini. J’ai peur qu’on juge ma façon parfois absconse de réfléchir, de créer, d’aboutir par des chemins complexes à une solution.

* Sinon je suis comme tout le monde sauf les exceptions, j’aime pas les gens qui doublent l’air de rien dans les files d’attente, ceux qui font des scandales pour du beurre dans les magasins, ceux qui laissent hurler leurs enfants dans le train, ni les vieux qui font leurs courses après 18h ou le samedi, j’aime pas me faire avoir sur les prix affichés, être réveillée par la migration nocturne et soudaine de la couverture, les publicités surtout celles pour les voitures et la lessive, et celles avec des voix débiles, le pire c’est quand elles chantent, je n’aime pas les volets qui claquent, ni le bruit du tonnerre, être déçue par un livre que j’impatientais, faire la queue à la pharmacie donc au milieu de gens malades, pareil chez le médecin, j’aime pas les mots que je ne sais pas comment prononcer parce qu’ils sont nouveaux, ou que c’est le nom d’un groupe encore peu connu, j’aime pas les gens qui se coupent les ongles dans le métro, j’aime pas finir une liste, à suivre.

Promis demain il y aura de la poésie positive !