myel ~anachronism

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25 March 2013
par myël
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Brouillon de mars dernier #2 L’impasse au bord de la falaise

Ce n’est pas un sentiment nouveau. Celui du bord de la falaise. Le besoin terrassant de s’y asseoir et de faire le point. J’ai presque envie de dire “au sens propre” car j’imagine parfaitement la scène, légèrement vêtue de noir, les jambes en tailleur la tête dans les mains sous un soleil figeant-fondant, dessinant un point sur un paysage de sierra assoiffé malgré les canyons qui déferlent dans ses interstices.

Ça c’était pour l’image. Dans la vraie vie j’ai le vertige, la peur non pas vraiment du vide en bas mais de ce dont je pourrais accoucher en le faisant, le vide, à l’intérieur. Alors dès que j’essaie je freine en route, je trace quelques interrogations mais je les reprends, mon cours, mon lit, ma comfort zone. Je raisonne raisonnablement, arguant que je ne suis pas à plaindre, m’apaisant à coup de sourires et de journées s’échappant dans les livres. Sauf que ma liberté continue à souffrir d’angoisses.

Je n’arrive pas à en venir à bout. De ce cheminement de pensées qui mène au bord du vide. Je n’arrive pas à sauter de peur d’abîmer, non pas mon corps mais tout ce qui m’entoure. Ce que j’aime. Ceux que j’aime. Je n’arrive pas non plus à tuer ce désir d’envol, cette évidence de gamine égoïste.

Alors je vis en pause. Sans me l’avouer j’attends qu’on me pousse. Certains l’ont fait sans le vouloir savoir, de leurs mots, de leur présence ; des effleurements qui m’ont amenée où j’en suis. Dans une belle impasse…

- 14/03 / 2012 -

Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.

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24 March 2013
par myël
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Brouillon de mars dernier #1 Où commence et finit la fin

On a beau sentir les brisures, les moments douloureux parfumés de “rien ne sera jamais plus pareil”, on oublie le premier. Le début de la fin. J’ai dû le sentir sur l’instant, très certainement vite oublié, parce qu’au début c’est facile de raccommoder, et même de bâtir des projets plus grands, plus solides, plus forts pour le devenir nous-mêmes.

On ne sent la tour trembler que lorsqu’elle oscille, façon Jenga. En retenant son souffle, elle se stabilise, on se dit qu’on a eu chaud, on n’imagine pas le courage qu’il aurait fallu pour tout reconstruire…

On hésite ensuite à y rajouter des briques, façon Jenga toujours, pour ne pas prendre plus de risques. Est-ce là en fait, le réel début de la fin ? Quand on n’ose plus toucher aux fondations de peur de tout remettre en cause ? Quand on patine, écrase, terrasse… Quand on n’imagine pas le courage qu’il faudra pour édifier un autre étage ?

Tout est question de sentiments. Et de certitudes. L’amour en partie de Jenga ça peut mal se finir, à se regarder dans le blanc des yeux sans plus savoir à qui le tour. A ressentir la trouille que le prochain fasse tout tomber, que le prochain ce soit en fait le mien. Que je ne sache plus si la peur la plus grande serait celle de basculer, de cogner du coude dans la table et patatratatra. Ou de réussir à poser cette foutue brique de plus. Que je ne sache plus d’où viendrait le plus grand soulagement.

Tout est question de sentiments. Et de certitudes.
Tout est question de doutes. Et de volonté.
Tout est question d’angoisses. Et de liberté.

Pourquoi n’est-il pas si facile de discerner, l’instant précis où nous attend la fin ?

- 09/03/2012 -

Cela me peur-panique de voir que ces brouillons réflexifs et semi-fictifs datent d’il y a plus d’un an, qu’il ressemblent tellement à la surface de l’an 2012, cet horizon figé de patin qui m’entourne en rond. Fallait les publier, maintenant, pour m’en débarrasser, mieux avancer.

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rodrigue-denain-31

4 March 2013
par myël
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(sans même chercher) l’ivresse d’un remontant

Oserais-je enchaîner deux articles “concert” ? Sachant qu’ils ont eu lieu à trois semaines d’intervalle, trois semaines et pas des moindres… J’oserais, j’ose.

J’avais si peu à dire sur le trio de février. Des étonnements, quelques frissons sur les premières notes d’une ancienne chanson. J’avais la tête ailleurs, le nez dans les cocons visités toute la semaine, je n’étais pas posée.

Vendredi soir le taux d’émotion a grimpé en flèche. A cause du lieu, théâtre de Denain dans lequel s’étaient passées de belles choses l’année dernière. A cause du double concert : El Manos, Rodrigue. Il est des hommes et des musiques à sauter les soupapes, voilà, je ne les présente plus.

Les vannes se sont ouvertes d’abord sans paroles, au son de la guitare, avec un désir de voyages qui monte, envie de se laisser porter vers d’autres horizons…

El Manos :

El Manos - Denain - 4


El Manos - Denain - 2

Côté Rodrigue, le set était parfaitement dosé pour les lunatiques : explosions électriques, contes funestes, rage intelligente, douce (en)fermeture…


Après le plaisir du début, de sautiller comme une puce et que d’autres rangs de sièges se lèvent aussi, j’ai pris conscience du fait que j’étais réceptive, énormément, prête à craquer, vivant les paroles : espérant conquérir la coccinelle, cachant sous le tapis le trou dans le bateau, demain promis j’ouvrirai les rideaux…


J’ai manqué de pleurer sur la transition de L’attache, certains arriveraient à dire “je t’aime”, ça a résonné tout au fond.

J’ai cédé entre les panneaux qu’on croise tous les matins, c’était ceux de ma tête. Paris – Lille – Paris – Lille. Sur l’histoire de celui qui un jour choisit de changer de direction. Ça m’a tuée comme un cadeau qui touche pile où il faut. Evidemment j’ai fondu en larmes, celles retenues depuis ces semaines. Pas très longtemps mais assez pour décompresser, rassurer ma voisine comme quoi tout allait bien, ne pas laisser le mascara couler.


Au fond je pense que c’est pas juste moi, qui était ouverte au partage, mais le groupe qui nous envoyait, de l’agitation survoltée, des idées franches. Que tout ça va dans la bonne direction. Même en ressemblant beaucoup à du “cueille le jour”… Et si tout s’arrêtait là ?


La fin de soirée fut floue, à faire trois fois le tour de Lille en vaine quête d’une portion de frites, pour atterrir chez moi. Dans cet endroit encore trop blanc, improviser un apéro champagne à deux heures. Pourquoi pas ?

Avril se jouera à Paris pour Rodrigue”, oserais-je murmurer aux curieux de se rendre au concert du Sentier des Halles, pour une thérapie choc de nos imaginaires… Les oreilles, les yeux, les démons ouverts.


Toutes ces images manquent de son, pas encore testée la vidéo du reflex… C’est Sweet Obladi qui captura Stone :

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madeleine-39s

24 February 2013
par myël
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Rodrigue @ Théâtre Le Millénaire, La Madeleine

Rendez-vous à La Madeleine pour un mode trio intimiste, avec des inédites, tout en simplicité… Riant, osant, dansant… Un concert de Rodrigue, voilà, rien à redire… juste quelques images, inauguration du reflex à l’arrachée sans bouger du fauteuil…

(clic clic sur les images pour les voir entières et grandes)

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Lille Place de la République (Benoit Poix)

21 February 2013
par myël
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Ce n’est plus Paris mais…

Lille Place de la République (Benoit Poix)

Trois jours à Lille. Ou devrais-je dire, lilloise depuis trois jours. Finis les “j’habite à 100 m de la capitale, mais je n’y mets pas si souvent les pieds”, bienvenue centre-ville-de-province, où je suis née mais sans jamais y habiter.

Bien sûr ce n’est plus Paris mais…

* quand j’ouvre les grands rideaux j’ai vue sur un théâtre

* il n’y a pas juste un japonais dans la rue voisine mais deux face à face, on peut aussi manger chinois, italien, indien, thai, africain, étoilé guide michelin, porc, bistrot, il en manque certainement

* trois cinémas (illimité) sont accessibles à moins de 15 minutes à pieds, c’est mieux que le programme télé, rajoute à mon salon des mètres carrés

* monoprix est ouvert jusque minuit, même le franprix du coin fermait plus tôt que ça

* on peut aller à ikea en métro (tout automatique), et se faire expliquer le montage d’une table lack par une dame aux sucettes sur le train du retour (tu mets les pieds, tu tournes : c’est facile même pas besoin de tournevis)

* les touristes visitent aussi la province : j’entends parler anglais, flamand, japonais… allant même jusqu’à renseigner en vo des chercheurs de taxis pour l’aéroport dans la nuit (bonne chance…)

* on peut faire avec un ticket unique un trajet correspondant tramway-métro-bus sans limite de durée, je me sentirais presque en fraude

* les passants ont tous l’air d’être un peu moins riches, un peu moins fiers, un peu plus humains

* le plus chouette c’est qu’il fait beau ces jours-ci, à la façon des gens du nord : qu’importe le froid tant qu’on voit le soleil

* d’ailleurs je n’ai même pas encore allumé le chauffage dans l’appartement, tellement le soleil tape dans les vitres et serre la pièce…

Welcome to the world ? Même pas peur !

( crédit photo Benoit Poix, galerie Lille été 2012 )

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19 February 2013
par myël
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Stupeur et tremblements #3

Fin du compte à rebours. Avant d’être figée sous la neige, avant l’étonnante soirée de la mi-fin-janvier, il y eut cet après-midi où mon corps s’est mis à faire trembler, mon esprit stupéfait.

J’étais depuis quelque temps sur un balancier, rêvant de deux côtés : l’engagement, la liberté. Face à la réalité du premier je suis sortie marcher, dans le froid pour convaincre ma tête que les frissons venaient, du dehors mais ça n’a pas marché. Je suis revenue apaisée, calmée par cette capacité d’abstraction des réalités qui me met “hors de moi”.

J’y suis restée dix jours, ou plus, ou moins, je n’ai plus rien compté de cet état de suspension maladive quand il s’est mis à vaciller. J’y étais plongée objectivement depuis un an, ou plus, ou moins : vraiment j’avais déjà cessé de mesurer.

C’est sans trembler que ce que j’appelle “les brouillons de mars” se sont déroulés, commencés détachée, filant dans les larmes, dévalant vers le flou, voulant juste tout reconstruire. Apprendre à se construire. Sans appui, sans attaches. En tentant de blesser le moins possible autour, le moins possible restant nécessaire : délier les attaches, bousculer les appuis, s’effacer des contours…

Dans un cocon tout blanc je reprends la plume, m’agite sur le clavier, une machine à écrire dans le champ de vision. Dans le programme post-stupeur-et-tremblements il y a entre autres libertés celle d’écrire à tout moment : cette écume en est le bourgeon.

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Nosfell - Soirée 30 ans Longueur d'ondes

21 January 2013
par myël
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Stupeur et tremblements #2

Avant l’attaque de la neige dans le cœur, il y eut l’étonnante soirée de mercredi dernier. Dans la lignée de l’instinct qui s’éveille en ce début d’année, qui murmure d’être là maintenant, qui dicte au corps de se manifester. C’est rassurant de sentir son existence, à l’instinct ; c’est inquiétant, d’observer le danger dans toutes ces directions. Avant d’y voir plus clair, risquons des billets “stupeur et tremblements” à rebours. Rapport à la stupeur, et aux tremblements, ceux de la vraie vie pas ceux d’un roman.

Avant l’attaque de la neige dans le cœur, il y eut l’étonnante soirée de mercredi dernier. Les échos de l’adolescence la veille en voyant passer les mots-clés “Longueur d’ondes” et “Nosfell” dans un fil d’actualité. La promesse d’une foule, d’un nouvel lieu parisien, de découvertes musicales, d’un peu d’air et d’ailleurs. De s’oublier. Ou de s’y retrouver. L’instinct c’est toujours brouillard-brouillon dans ses intentions.

Sans savoir dans quel plat mettre les pieds j’y suis allée. Tressée, avec mon t-shirt madrilène pour fêter le retour du soleil sur Paris, du ciel dégagé même la nuit. Tressée mais zen. Tremblant qu’à cause du froid.

Le public suspendu, Nosfell

Le public suspendu, Nosfell

C’est parfois difficile de conter sans rien dire, de saisir les effets, sans citer les faits. Surtout pour une adepte religieuse des signes, et du hasard. 

Disons que c’était une soirée surprise, que dans la foule j’ai été frappée de stupeur mais m’en suis ressaisie, que le lieu fonctionna comme un jeu de piste où l’on tire des cartes, que musicalement il y eut des remous comme des moments de grâce, que l’air était frais dehors et d’ailleurs dedans j’étais un peu perdue, j’ai suivi le mo(uve)ment, parlé à trop de gens pour ma moyenne, et presque sans trembler.

Sur un fond de gingembre-orange au milieu de la nuit, j’avais oublié que j’étais venue pour rien, que le programme c’était de retrouver personne, que l’instinct avait soufflé sur cette soirée des ondes si z’inattendues, qu’il aurait été fou de les regarder s’allonger, sans s’y laisser porter.

Finalement je peux citer un fait bien concret, bien que sensible : toute la salle s’est figée sur les deux titres de Nosfell, comme envolée. L’hypnose d’un coup de cœur d’il y a huit ans que j’étais venue, c’était le seul but avoué de la soirée, renouveler.

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A night to forget - Julie de Waroquier

20 January 2013
par myël
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Stupeur et tremblements #1

A night to forget - Julie de Waroquier

A night to forget - Julie de Waroquier

Mon coeur tiraille. Je fais des cauchemars d’avc, des semi-rêves de battements à tout rompre, et dans la vraie vie parfois ça s’emballe éphémère. Nouvelle manifestation d’angoisses tapies ? Dans l’ombre et prêtes à bondir, à rugir ?

J’ai cru vendredi soir que j’allais mourir sous les flocons, vraiment. Quand l’instinct m’a murmuré d’aller se promener de nuit sur la neige fraîche comme un caprice et car la lumière était belle comme le jour, quand je me suis vêtue et maquillée pour sortir comme si c’était fête, quand dans le parc de la Cité Universitaire j’ai senti comme un fouet ces coups électriques à se clouer sur place, à s’arracher la poitrine qui ne cessaient pas.

J’ai pensé que ce n’était pas si mal, de tomber là dans ce décor immaculé. A choisir, c’est mieux qu’une crise dans le métro sur la ligne 5 un jour de grisaille fadasse.

Je n’ai pas été pour autant déçue quand ça s’est apaisé, j’ai eu la trouille en voyant revenir la douleur à chaque pas de plus, avant que tout ne se calme vraiment.

Sauf la neige sur les cils, et sur mon chapeau des années folles, et sur ma robe rouge à souhait. Je n’avais plus peur de rien puisque j’étais vivante.

(oui j’irai voir un médecin prochainement, au cas où)

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Salvador Dali - Personnage à la fenêtre

9 January 2013
par myël
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Dalí ou l’inconscience

Salvador Dali - Little CindersJ’ai rencontré le monde de Dalí à douze ans, dans son berceau, Figueres. C’est une journée gravée dans les quelques dizaines qui marquent une vie : je me souviens encore du débardeur kiabi bleu-jean que je portais, c’était sortie de classe, un arrêt court sur le retour de Barcelone et la première fois qu’un garçon assis à une terrasse tentait une dragouille jusqu’à savoir mon âge (les seins anachroniques, hommage). Sauf qu’il en avait vingt et que les copines autour ont dit “viens allez on se casse il commence à bander dans son jean”. Je crois que c’était vrai mais j’en savais trop rien. Innocence, inconscience.

Revenons à Dalí. J’ai le souvenir vague de ce château complètement dingue, avec surtout les sensations, d’un rêve, de chocs, de l’étendue créative devenue possible. Je ne me rappelle pas les toiles mais des couloirs blancs et des crayonnés, du canapé avec ses lèvres rouges. L’ensemble du voyage portait brin de folie pour adolescente débutante : plongeon dans Barcelone, face à face avec les extravagances de Gaudí, et Dalí donc, en point d’exclamation final.

Je n’ai pas su me défaire de la ville, Barcelone, au point d’y retourner trois fois encore. Gaudí reste fascinant. Et j’ai revu Dalí à Barcelone même (Poble Espanyol), à Madrid et… à Paris hier. Tant de divagations pour atterrir au Centre Pompidou, où l’affluence de cette grande exposition n’était (heureusement) pas siii folle qu’annoncé. De toute façon pour tenir dans la file j’avais prévu l’amie Kobo, et l’histoire des sorcières dans laquelle je suis enrobée.

Je suis perplexe à l’idée d’avoir un avis sur ce que j’ai pu observer. Il n’y avait plus autant d’étonnement. Il y avait les gens qui se passaient devant, et entre les tableaux. Il y a le personnage de l’artiste que j’avais toujours occulté dans mon attachement aux images. Des références en tas, de la cérébralisation qui n’avait dans mes yeux d’ex-ado rien à s’incruster là. Alors que si, dans le monde des adultes, on calcule, on analyse, on conteste, contexte, on se divise et se psychanalyse… Ah c’est intéressant, bien sûr, de connaître la guerre, les tendances, les mythologies les symboles. Mais que fait-on de l’innocence ? De l’inconscience ?

Salvador Dali - Apparition of a Face and Fruit Dish on a Beach

L’intérêt à mes yeux de côtoyer ces étrangetés, c’est d’y découvrir le visage de sa propre folie. D’apprécier la manière de traiter la lumière dans les compositions, la force des couleurs éveillant la sensibilité pour lire dans les signes les lignes d’un monde allégorique né d’une interprétation personnelle, unique.

C’était un peu chargé, cet après-midi de janvier, pour vivre une telle expérience. Le temps compté bien que large, l’agitation autour, l’audioguide à la main… Je me suis cultivée, j’ai nourri ma curiosité, mais je n’ai pas senti ni le vent de délire du printemps 2001, ni l’attardement de l’aube de l’été dernier à m’interrompre un long instant devant / derrière sa soeur à la fenêtre ouverte dans la salle quasi vide de la Reina Sofia. Une fenêtre, dans un mur : idée si simple, innocente et si source d’évasions inconscientes au possible…

Salvador Dali - Personnage à la fenêtre

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the walker and the fog - Phillip Schumacher

6 January 2013
par myël
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Le pire c’est tout ce qui s’échappe

Il y a tout ce qui s’éveille au moment de dormir, ces mots en cascades jaillissant, ces scènes bancales, ces vers et ces rythmes qui m’hypnotisent et me conduisent au terme d’un périple plus ou moins durable aux vrais rêves. Il y a la frustration de les savoir fragiles, de les perdre avec le sommeil, de n’être jamais sûre de renouer le fil au lit du lendemain.

Il y a tout ce qui passe en un éclair au coeur de la journée, pas au moment propice mais en lisant par exemple : l’esprit divague et colle sur un paragraphe une nouvelle histoire, avant de reprendre conscience et quelques lignes plus haut que là où se glissaient mes yeux.

Il y a tout ce qui se vit, et tout n’est pas écrit. Parce qu’il serait malvenu d’étaler trop de sentiments privés, alors on choisit le niveau d’opacité à donner aux mots qui s’impriment. Ou plutôt je ne choisis pas, il y a la page blanche et les mots qui s’installent où bon leur semble ; premier jet, souvent relu, rarement retouché. Tout se transforme en poésie et on oublie les faits, exprès.

Dans tout ceci, ce que je préfère ce sont les cohérences qui se dessinent inconsciemment, qu’on révèle en grattant à peine la surface où les mots se font écho. Comme là écho et cohérence, se répondant sans l’avoir demandé. C’est pas juste joli, les jeux dessinent des labyrinthes de signes aux multiples sorties.

Dans tout ceci, ce qui m’angoisse le plus, c’est tout ce que je n’écris pas, que les ellipses soient choisies ou pas. Je connais bien trop l’inquiétude de la mémoire, ce qui s’oublie trop vite, et ce qu’on enveloppe d’un brouillard pour l’y perdre. Les sottises, les secrets, les colères, les rêveries… Toutes ces possibilités qui s’échappent. Qui s’effacent comme des empreintes sur la neige, avant même qu’elle ne soit tombée.

the walker and the fog - Phillip Schumacher

the walker and the fog - Phillip Schumacher

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Lever de soleil dans le train

4 January 2013
par myël
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Les bribes de décembre #3

24 décembre 7:58

Le jour se lève et mes rails vont vers l’est. Le ciel se teint de rose et j’ai l’esprit pastel, noyé dans des mots à venir. Et relisant des mots passés. J’ajoute à ma future bibliothèque numérique plus de livres que je n’en lirai dans ma vie. Et je retombe sur mes vieux pdf d’adolescente : Oser les dragons, L’automne. Poèmes de quatorze à seize ans, première histoire d’amour façon journal, 2004, si loin. Je les feuillette avec lassitude, j’en extrais quelques lignes pour la suite, je les referme sans bien savoir qu’en faire.

Lever de soleil dans le train

Le jour se lève à la fenêtre de l’horizon, ce soir c’est réveillon.
J’ai dormi trois heures et des miettes, l’assoupissement me guette.

Lever de soleil dans le train

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Happy (crazy) new year !

4 January 2013
par myël
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Happy (crazy) new year !

J’ai pas envie de regarder derrière, 2012 a été l’année du rien ou tout : beaucoup de piétinement, et des pieds dans les plats. L’essentiel est enregistré, empaqueté, ficelé comme un colis piégé.

Cette année tout ce que je souhaite, c’est avancer.

Happy (crazy) new year !

Happy (crazy) new year !

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Paris Métro Liberté

23 December 2012
par myël
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Le jour le plus court après la fin du monde

Paris Métro LibertéBonjour l’hiver, bonjour les jours les plus courts de l’année, bonsoir les soirs à rallonger. Ah non, pas cette nuit : un bond matinal programmé multiplia les heures de cette première journée après la fin du monde.

Pour cause de pharmacie, et de cadeaux de Noël de dernière minute j’aurais croisé : le déluge ininterrompu, une armée de parapluie roses à l’arrêt du tramway, beaucoup de feux au vert, de bus attrapés de justesse, le jardin des plantes dénudé, une armée de parapluies bleu et blanc, un rouge à lèvres mat, une patinoire miniature et détrempée, des foules énormes de centres commerciaux vaillamment abstractées, la station Liberté en aussi mauvais état que la vitre, et sur le quai du retour un homme étrange à chapeau de Père Noël qui se prend d’un fou-rire à mon passage. Comme s’il savait que tant d’action c’était une bonne blague, vue la faiblesse de mes trouvailles.

Multipliant aussi le temps dans les transports, j’aurais posé des mots sur un morceau, de carton blanc, comme des perles sur un fil.

M’auront échappé les gants rouges, mais je les poursuis comme une idée-fixe…

Jardin des plantes en hiver

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Valerie Kasinski - Open wind

19 December 2012
par myël
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C’est pas ce soir que je m’incline

Valerie Kasinski - Open wind

Valerie Kasinski - Open wind

La raideur s’est installée dans la nuit, insidieuse. Je me suis débattue avec l’oreiller, il a fini au sol et moi réveillée d’un KO par la douleur. Le cou figé légèrement vers la gauche, la nuque en peine de se mouvoir, la journée n’a rien arrangé. Elle a étendu le déchirement de l’arrière de l’oreille au bas de l’omoplate, droite. Une écharpe en minerve et cocon de chaleur, je me demande si ma médecin dirait encore cette fois : “Vous êtes stressée”. Comme quand j’avais ces décharges électriques dans le haut de la tête et la mâchoire tendue. “Vous êtes stressée.” Bonjour les angoisses périodiques imprimées dans les muscles, contractures de l’esprit inquiet, triturations torturées de mes paniques décem’rébrales.

La raideur m’empêche de baisser la tête, de me balancer en arrière, de regarder vers l’avenir. Elle m’oblige à scruter les choses en face, et me laisse marmotter à mon voisin de gauche (qui n’existe pas) comment c’était avant.

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Valerie Kasinski - Longing for the future

18 December 2012
par myël
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Les bribes de décembre #2

Valerie Kasinski - Longing for the future

Valerie Kasinski - Longing for the future

J’ai à peine senti le départ, sans être assoupie ce lundi. Juste qu’on était dans une gare souterraine, et que sous perfusion je m’habituais aux nouveaux titres de samedi dernier. Petite voix n°1 s’exprima en premier : “On est encore dans un tunnel depuis plusieurs minutes ?”. Petite voix n°2 se dit moins naïve : “Oui c’est ça, un tunnel… on l’appelle la nuit et il dure longtemps ces temps-ci”.

Et il y fait bien frais, enfin le tgv semble climatisé : de l’air gelé s’échappe de la ventilation. Lille Avignon ? Non Paris-Nord. Normal. J’hésite à remettre mon chapeau, et me tenir en boule jusque l’arrivée.

Avant la gare j’étais dans un brouillard humide, une installation Fantastic j’ai supposé, comme la maison renversée croisée ce midi, les yeux éblouis par un soleil froid. J’ai déjeuné autour de mon ancienne grande école, sans l’ombre d’un brin de nostalgie. Étonnant quand on connait mes penchants pour ces types de sentiments-là. Rassurant, je n’ai pas de mélancolie pour l’ensemble du passé, bien que je m’en doutais déjà, vu les années rayées en bouillie de l’esprit… Rassurant de ne rien rien ressentir…? Angoissant tout autant.

Avec mes collants roses qui détournent l’attention, j’ai trimbalé mon sac d’une tonne sur les pavés, dans les galeries, une partie de l’après-midi. Attendant l’heure du train ; attendant le hasard, je l’ai croisé deux fois. A dénicher un vieil EP d’Eiffel, 1999 L’affaire. Quatre euros, l’affaire. Et à capter une voix familière apostrophant mon dos, après une succession de choix “je vais ici ou là?”, la probabilité de rencontrer quelqu’un, au même endroit, au même moment, est suffisamment faible pour être relevable.

Ça reste une journée froide, à cause de la clim’ qui poursuit. Alors que du treize je suis libérée : une occurrence hier, une autre ce midi, mais dans le TGV je suis sans voisin place 22. J’aime mieux, 22. Ça reste une journée froide car je n’ai pas trouvé, de gants rouges à mon goût, ni de surprises de Noël au décompte qui se réduit.

Noël comme une fillette c’était hier, au Zénith. Les gradins chargés de gamins, et nous et nous et nous, pour un cirque étonnant, mêlant des tubes (il parait) chantés par l’animateur en chef-karaoké, à des numéros les plus traditionnels comme les chevaux qui trottent ou le traîneau du Père Noël qui défile au final. J’y allais pour les tigres, les lionnes, les acrobates et la magie. Et puis c’était gratuit. Mission fillette accomplie.

On a souri en remarquant, avec tous ces enfants : ce que j’aime chez les gens c’est qu’ils soient désarticulés, les gestes souples, qu’ils se mettent à tourner. En général ça s’arrête vers sept ans. Quand on prend conscience d’être regardé, de devoir se tenir, bien se conduire. Ce que j’aime chez les gens c’est quand il persiste une part de ce vacillement, l’imminence d’un vertige, d’un faux pas spontané.

Il reste vingt-deux minutes pour me tenir en boule sur ma place vingt-deux. Paris je rentre. Fermons les yeux. Prochain train pour le réveillon.

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Rodrigue à Mons-en-baroeul par Benoit Poix

16 December 2012
par myël
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La demi-teinte

Il est des jours ainsi, qu’on appréhende en prenant sa respiration, pensant ne pas avoir sur le moment le temps, ou l’idée, de l’inné. L’instinct d’en profiter.

En fait on se berce d’illusions.

J’avais rêvé d’un resto-retrouvailles au coeur de Paris comme une bande de touristes, un truc d’amis sans prise de tête, à cinq ou six avant de prendre le train. Et puis non le noeud principal de ce programme a fait la morte. Littéralement (= par absence de mots). Ça valait aucune peine sans elle ; vaut-elle d’en avoir de la peine, après ce coup ?

En fait les gens, ça va et vient ? Les rapports simples c’est aussi d’illusions ?

Et puis j’ai pris le train, encore, c’est décembre vous êtes prévenu. Mais sans écrire, juste enrobée de la lumière dorée si douce qui se décline à cette période autour de l’horaire du goûter. Sans voisin mais place treize encore ! Je pense un peu au fait-exprès du guichetier…

Rodrigue à Mons-en-baroeul par Benoit Poix

A Lille il faisait doux (avant de se mettre à pleuvoir, le soir). Avant qu’après un bol de riz, et un itinéraire bien rattrapé tombant pile poil dans la rue du concert, je ne réalise que dans le changement de sac s’étaient inversées, la place pour le jour même et celle de la semaine dernière. La soirée m’est revenue, chère.

Et ma tête de linotte aussi, ça va et vient ? Mettre un sac dans un sac, ça donne pas l’illusion d’être une fille bien organisée, mais c’est plus efficace. Quoi d’autre ai-je donc pu oublier ?

Rodrigue à Mons-en-baroeul par Benoit Poix

Mais elle fut bonne, si si, la soirée avec le recul depuis mon lit, c’est ce qu’une petite voix me dit. Pourtant le live électrique sur des sièges m’a quelque peu, frustrée. En écho à Bruay il y a un an, à un jour près.

Les concerts de Rodrigue je ne les compte plus, j’en ai testé presque toutes les options (pas toutes, pas toutes), et le meilleur souvenir en version électrique, ça reste l’Aéronef. Question ambiance là j’insinue. Les puristes diront que c’était pas la configuration électrique pure. On s’en fout c’était fou. Pourquoi ? La salle était debout, serrée, chaude, sans complexes. Prête à se jeter dans la gueule d’un loup musical affamé. La salle était vivante (oui les loups mangent le public cru). C’était une vraie parenthèse, hors du monde, hors du temps.

Ce soir j’étais accompagnée d’amis plus sages que ma princesse, mais c’est comme si la salle entière, une fois posée sur des sièges rouges moelleux, s’était vue greffer des amis sages… Voyez ? Comme si on était au ciné. La scène en écran haut devant, et juste nos yeux grands ouverts. Ah et ça claque des mains. Sauf que le corps entier. Sauf que l’inné dont je parle au début, j’ai eu le temps de le ronger, d’écraser le désir de me lever sans réfléchir et de sauter sur Clémentine. Le pire c’est que je suis persuadée (une autre illusion ?), que 70% des gens présents pensaient de même mais personne ne l’a fait. J’ai maudit le confort jusqu’à L’Indien, quand ça s’est détendu.

Rodrigue à Mons-en-baroeul par Benoit Poix

Mais elle fut bonne, si si, la soirée avec le recul depuis mon lit, c’est ce qu’une petite voix me dit. Quatre nouveaux titres, normal que ça hésite. J’ai été demi-accrochée par la moitié, l’ensemble est à réécouter… Oui… Au deuxième passage en rentrant ils sont déjà plus efficaces… Musicalement surtout !

En dehors des nouveautés, quelques beaux moments : le rappel presqu’manqué, les jolis invités, le quatre-mains claquant de la Lady Flapper, la guitare du Château des Sélénites qui va toujours droit dans le ventre, la thérapie de groupe très très appropriée et la pyrotechnie qu’on va finir par croire elle aussi faite-exprès quand le Mi-ange ne s’allume toujours pas (jamais vu fonctionner !) alors que le Mi-démon assure sans fauter.

Rodrigue à Mons-en-baroeul par Benoit Poix

J’ai oublié de la poser, cette question technique et psychologique, parmi les échanges de l’après. Discussions abondant la demi-teinte, des deux cotés. C’était pas Le meilleur, mais c’était “à vivre”. Des rires en robes rouges, présentations enjouées, joyeux noël d’avance…

En papotant légèrement on s’est parlé des illusions. En attendons-nous trop ? A force de s’y cogner ne voit-on pas les failles ? Comme si on grandissait à côté de ceux dont le but est de nous faire rêver ?

Rodrigue à Mons-en-baroeul par Benoit Poix

La nuit n’était pas achevée. A l’inverse de la batterie de mon téléphone qui refait des caprices. L’envie d’un verre, d’un endroit tamisé, charmant. S’est terminée sympathiquement mais à la limonade nature, les mojitos à l’eau, dans un lieu bien trop blanc, et mal cadré. Qu’importe j’y étais bien accompagnée (les amis lisent, coucou). Et même pas besoin de me faire raccompagner, j’ai su rentrer comme une grand’ fille sans paniquer, tout comme samedi dernier.

Cette chronique bien trop longue d’une journée pas si longue vous a été servie par mon esprit en pleine schizophrénie (mais non pas du tout). On pourrait s’amuser à surligner avec deux feutres les extrêmes exprimés. Tout est dit sur le vif, avec un mal de crâne dû à l’abus de solutions gazeuses z’et sucrées. Et un mal d’oreille, gauche seulement. On verra bien demain, si j’ai dit des bêtises, une fois les couleurs reposées… vue la longueur de la nuit (ironie) ce ne sera pas sec, on pourra toujours rectifier (ah non pas ça, jamais!).

Les photos sont choisies dans l’album d’un passionné plus pro que moi (après le film sur les genoux, sur le sac ou les bras croisés, j’ai inauguré le sein droit comme repose appareil, j’imagine même pas la cata, donc toujours s’en remettre aux pros) et par chance tout aussi insomniaque après les concerts. Ce qui nous donne en combiné mots + images une réactivité à toute épreuve, dingue ! Donc là c’est choisi pour coller au texte, mais l’album entier regorge de plus belle(s) encore.

Il est des jours ainsi, qui se terminent en demi-teinte à six heures du matin. Des jours qui griffent sur le tableau, les portraits, qui se referment en interrogation.

Leur force est de laisser la place, leur chance, le champ libre aux rêves de demain.

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Broken Doll - Kyle Thompson

12 December 2012
par myël
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Un cauchemar, c’est quand même un rêve*

Broken Doll - Kyle Thompson

Broken Doll - Kyle Thompson

Parfois tout ça ressemble à un cauchemar. Le goutte à goutte de la lessive à la main qui s’essore, les enfants des voisins du dessus qui s’écroulent et pleurent, leurs parents qui hurlent par dessus, l’eau qu’ils font couler sans cesse quand les enfants pleurent et qu’ils crient en anglais. Parfois tout ça ressemble à une crise, une angoisse, des douleurs environnementales en boucle. Des relents de télévision, le pc qui tourne bien trop fort, les gouttes encore, les pleurs et les gouttes.

Et mes mains sèches et les fêtes qui approchent, et la peur de ne vivre que pour les moment où l’on vibre, et la peur de ne plus vibrer.

Et la dépendance qui tire la langue à la liberté.

Et la lumière douce de la lampe de chevet qui tente en vain de m’apaiser.

Parfois tout ça ressemble à un cauchemar. Les murs bien trop serrés sur lesquels je me cogne, bien trop souvent, et tout ce qui me glisse des mains, sèches, à cause de la lessive aussi. Et ces mains que j’abîme et cette peau que j’abîme, et ce corps avec lequel je ne suis toujours pas en accord. Je ne dépend que des yeux qui s’y posent. Je veux leur plaire et je suis maladroite. Bien trop bancale pour être jolie. Je marque, de même que sur mon esprit s’imprime chaque angoisse.

Je ne vis que pour le désir, de se sentir en vie.

Je tremble, de ne ressentir que la crainte.

Alors je lis, ce qui ne va rien arranger. Un livre attrapé par hasard sans trop avoir le choix. Le hasard et le choix, mon ami mon ennemi.

“Il a un sourire à tomber à la renverse et, la renverse, j’ai toujours cru que c’était la vraie vie.”*

*Mathieu Lindon, Ma Catastrophe adorée

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Chocolat chaud recette façon pain d'épices

10 December 2012
par myël
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Une soirée en célibataire (avec des recettes)

Ce n’est pas souvent que je me trouve toute seule dans notre appartement. A gérer le temps comme bon me semble, ce qui est plutôt anarchique. Ce qui est plutôt doux, et propice à pénétrer dans l’hiver avec féminité.

Ça commence avec des envies. Je ne sais pas si c’est Noël mais j’ai le rouge en tête, l’année dernière c’était bleu nuit, cette année c’est un rouge légèrement sombre. Envie d’accessoires rouges, des gants, une ceinture, un foulard, une cape même. Et des souliers. Pas à porter ensemble mais un à la fois dans mes habits noirs.

Envies de rouge

 

 

Ensuite l’urgence d’un japonais. Le ventre qui gronde et réclame, l’occasion de faire une cure pour la fin d’année. Chirashi, temaki, avec un restaurant presque au coin de la rue, c’était trop tentant. Sur le chemin je souligne, une chose que j’aime en marchant, c’est l’impulsion, le petit saut pour se glisser sur un trottoir. Le “hop” léger. Je le fais tout le temps, c’est important, c’est comme décoller, ne pas bêtement lever le pied. Pas de photo du japonais ramené à la maison, je l’ai englouti avant d’y songer.

Pour la touche de beauté, j’ai testé de nouveaux masques faits maison. Dans mon bain j’ai pensé, à toute cette industrie pharmaceutique et cosmétique, leurs extraits de synthèse, leur recherche et développement, leurs innovations et leur marketing ; à quel point tout cela pouvait se balayer d’un coup d’huile et de miel. De choses qui, si elles sont bonnes pour la peau, devraient aussi être comestibles, non ? Bon, ok, je n’ai jamais goûté mon beurre de karité, mais au moins il est pur. Et naturel. Et bio.

Avant le bain donc, deux heures avant même, expérience de masque capillaire. Et vingt minutes avant (en vrai j’ai pas compté), masque pour le visage. Aux recettes simplissimes :

Huile de coco bio

Masque pour des cheveux tout doux, tout est bio chez moi donc je ne précise pas :

  • Trois cuillères à café d’huile de coco
  • Autant de miel
  • Un peu moins de yaourt nature
  • L’huile de coco étant solide sauf si vous chauffez à 25° il faut la faire fondre doucement, en baignant le récipient dans de l’eau chaude par exemple, ou en le posant devant un radiateur comme je l’ai fait.
  • Bien mélanger les ingrédients, appliquer sur les longueurs
  • Laisser poser deux heures en chignon, ou avec du film plastique
  • Faire couler un bain chaud, miam
  • Rincer les cheveux à l’eau chaude avant de faire plusieurs shampoing pour qu’ils soient bien propres
  • Avec un jaune d’oeuf il paraît que c’est encore mieux, mais le frigo est vide.
Masque pour une peau toute douce, bio bio bio :
  • Faire fondre du beurre de karité dans le creux de la main, appliquer sur le visage, la peau ne doit pas tout absorber de suite mais s’hydrater progressivement
  • Une cuillère à café de miel par dessus, pour son effet adoucissant, cicatrisant, action nécessaire sur ma peau sans commentaire
  • Laisser poser le temps de faire couler le bain, ou plus encore, rincer à l’eau tiède

Après le bain, le gommage, les ongles mis à niveau, l’habillage du soir en satin, c’est l’heure du chocolat chaud devant Hellocoton, le cocooning cliché presque ultime.

Chocolat chaud recette façon pain d'épices

Chocolat chaud façon pain d’épices :

  • Faire fondre deux carrés de chocolat noir dans une casserole à feu très doux, le bain-marie c’était bon quand on cuisinait sur des braises, en induction au niveau 2 ou 3 ça fond très joliment
  • Ajouter un peu moins d’une tasse de lait, une pointe de crème, une pincée de mélange quatre-épices et faire chauffer à feu moyen tout en fouettant, j’aime quand ça mousse le chocolat chaud…
  • Mettre dans une jolie tasse (ma fétiche est un vestige de la petite enfance) une cuillère à café avec du miel
  • Verser le lait au chocolat dessus, goûter la mousse puis mélanger le miel
Cette recette donne un goût de pain d’épices au chocolat chaud qui me transforme en guimauve, et m’incite à écrire ce post si riche en sucre. Ça fait même ramer mon pc, ça lui donne du diabète, allons redémarrons et vaquons à d’autres occupations (vernis à ongles ? pour ça j’en ai du rouge !)…
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10 December 2012
par myël
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Les bribes de décembre #1

Décembre va s’écrire dans les trains. (TGV Paris-Lille 5/12)

Ceux qui se vident, déversent leurs flots sur le quai, appellent toujours mon oeil curieux, de surprendre un regard connu, une silhouette familière, ou juste d’inventer les histoires de ces passagers qui libèrent la place.

Concentration de treize : voie treize, siège treize, treize heures moins le quart, j’exagère. Je n’ai pas idée du mois à venir, je connais juste, les grandes lignes de décembre : quels trains, quelles dates, mais je n’ai pas idée, de ce qui va se tramer entre elles, des étonnements de fin d’année. Tout semble si calme, ralentit même le TGV, dans la campagne-banlieue parisienne, près des vaches de Sarcelles. Un oiseau brillant à mon cou.

Je n’ai pas envie que la soirée achevant novembre, ne condamne décembre à ressasser les folies de l’automne. Je veux que ce mois-ci aille au-delà. N’avoir plus rien à perdre. Tout gagner, ne rien se refuser, tout offrir.

Mais pas seulement. (Lille, Roubaix, Tourcoing, Hem)

Mon talon réparé en urgence vendredi dernier, n’aura pas tenu les pavés, avant même de les voir il oscillait, tentait de se déraciner. Je n’ai pas vraiment vu la ville, à boiter sur la pointe d’un pied, la jambe concentrée à se frayer une démarche potable, à chercher en vain des chaussures de fortune, la valise à la main, le parapluie dans l’autre, et une compagnonne pour m’accompagner. La Grand’roue sur la Grand’place, les chansons de Noël, les lumières qui brillent les yeux… je me suis tenue éloignée mentalement de cette ambiance de fin d’année qui pourrait me faire frissonner.

Jeudi j’ai déchiré mes coudes en faisant du yoga. Bon pas du vrai yoga, rien de spirituel mais des enchaînements de postures pour s’ouvrir la poitrine (et j’en fais quoi de mes seins autour du genou ?) et se grandir (= lever les bras plus haut que haut). Le lendemain j’avais mon mal de côtes bisannuel, lié à l’absence de sport dans ma vie, qui m’empêche de rire et de tousser deux jours durant, ma petite convalescence, bisannuelle aussi donc.

Le soir c’était concert, en famille élargie. Le même que vendredi mais sans la chaleur du public, sans la dentelle, sans l’audace mais pas sans saveur. El Manos – au Biplan. Guitariste one-man-band à suivre de très près (ce soir avec des guests) – salle-cave déjà marraine d’autres étranges soirées. Fermez les yeux, écoutez cet extrait qui me tient en hypnose.

Clip audio : Le lecteur Adobe Flash (version 9 ou plus) est nécessaire pour la lecture de ce clip audio. Téléchargez la dernière version ici. Vous devez aussi avoir JavaScript activé dans votre navigateur.

Vendredi shopping de Noël. En solitaire et sous la pluie, alors que toute la nuit on attendait la neige. Les nordistes paniqués dans les boutiques la veille, demain il neige, demain il neige, à s’acheter des bottes comme si le retour de l’hiver était extraordinaire. Rires. Elle était bien là au matin, première de l’année sous mes pieds, trop vite ratatinée. Vendredi shopping bancal. Le bus accidenté qui nous attrape quand même, la pluie qui s’accélère… Étonnée je découvre comme les regards se changent, quand à défaut d’avoir pensé au parapluie, j’enrobai mes cheveux lissés dans mon écharpe, comme un foulard, comme un voile, pour ne pas les tremper. Étonnés les regards quand je le retirai, à l’entrée du centre commercial. Étonnant que si peu marque la différence. Et puis j’ai trouvé des chaussures, des robes à dix euros, un sapin miniature et une part des cadeaux. L’essentiel.

Le soir j’ai pas perdu le nord quand j’ai choisi le plat proposant “crème de potiron” à la carte. C’est pas encore l’hiver, pas encore l’hiver. L’automne a encore son mot à dire…

Samedi j’ai tremblé. Pas à cause du craquage sur un jean et un chapeau “années 40″ comme dit maman, à 12€ les deux. C’était le chapeau le plus cher. Non j’ai tremblé de prendre la route sans GPS en direction de la ville où je passai mon permis si si si si diffi-si-lement. Tu les entends bien siffler les sirènes ? Dans la panique je n’ai foiré qu’un bout des trois trajets. Une seule rue dans le mauvais sens, et après le concert j’ai suivi les panneaux, allumé la musique, et je suis rentrée apaisée.

Le concert c’était Eiffel, au Grand Mix, à Tourcoing et non pas Roubaix. On sentait la fatigue, d’une tournée dans leurs pieds, mais ça n’empêcha pas le groupe de sautiller comme le public alerte à lui rappeler qui on était. J’ai presque tout filmé, l’appareil en équilibre sur la barrière ce qui lui donne des yeux d’enfants question hauteur, derrière j’étais adolescente connaissant tous les textes par coeur, ma peau ravagée ces jours-ci presque pas maquillée, mes orteils engourdis se dandinaient quand même, le corps caracolant. J’étais adulte dans mes pensées : c’était La Flèche d’Or mais sans la chaleur, sans la sueur, moins de vieux titres, le plafond trop haut pour se sentir étouffer, les voisins trop éloignés pour que la foule se mouvemente. Mais l’ado renchérit que c’était bon, que c’était brut, que c’était Eiffel quoi. Qu’il fallait bien une limonade pour se remettre de la Chamade. Qu’il est bon d’atterrir, seule, à observer les gens sans les voir vraiment, à se ressentir fourmillante et prendre le temps. D’être dispersée. Et de se rassembler.

Dimanche, retour. (TGV Lille-Paris 9/12)

J’ai loupé le départ, place treize, encore, assoupie avant l’heure. Et le lever de soleil prévu se fait derrière les nuages… Déçue. Les voyageurs sont endormis dans le train du dimanche matin, mais je prends le clavier, les yeux demi-fermés, pour poser quelques mots. Pour dire que parfois oui, il vaut mieux rêver que d’écrire.

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2 December 2012
par myël
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A faire une fois dans sa vie… #2

C’est amusant. Je repense à cette liste, à l’envie de la mettre à jour et en la retrouvant, je constate qu’elle date d’il y a tout pile un an ! Coïncidence énorme, le 2 décembre est donc le jour de la remise au point. On prend la même et on rallonge, on barre, et on pense à la fin du monde (en rire).

… la top-liste des listes, même si tout n’y est pas indispensable, même si tout n’y est pas avouable… Inexhaustive donc, mais elle reste un point de repère à barrer barrer barrer.

prendre des cours de dansede natationde cirquede pole dance, de théâtre, d’effeuillagede solfège, de chant, de cuisine

dormir dans une tenteune voitureune caravaneun mobile-home, un igloo, un hamac, une cabane dans les arbres, un hôtel deux, trois, quatre, cinq étoiles, dormir à la belle étoile

conduire un véloune voiture, un tramway, un traindes rollersdes patins à glace

s’inviter dans la cabine d’un TGVd’un RER, d’un avion, d’une péniche

faire du canyoning, du surf, de la via ferratade la descente en rappeldu ski nautique, de la barquedu pédalodu canoë

sauter de 10 mètres plouf dans l’eauà l’élastique sans toucher l’eauen parachute sous un ciel bleu, faire du parapente

voir une aurore boréale, une éclipse de soleil, une comète dans un télescope, un vrai désert de sable, un iceberg, la tour Eiffel, le Mont Fuji, les ruines de Pompéi

assister à un opéra, une pièce de théâtre, des dizaines de concertsun spectacle de marionnettes, de dansedes films en cinéma 3dune  compétition sportive avec un record

aller en Belgique, Angleterre, Suisse, Corse, Allemagne, Italie, Espagne, République Tchèque, Turquie, Tunisie, au Maroc, au Japon, au Canada à chaque saison, en Islande, Inde, Chine, Australie, aux Etats-Unis, aux Seychelles

visiter Barcelone, Madrid, Prague, Londres, Rome, Paris, Bruxelles, New York

avoir un enfant, deux enfants, une maison, un chien, un chat, une jolie terrasse, une piscine

se coucher après avoir vu se lever le soleilenchaîner deux journées sans dormir, passer vingt-quatre heures sans sortir du lit, faire une sieste dans un trainun avionune voitureun hélicoptère

faire l’amour avec un hommeune femmeà l’hôtel, dans une voiture, un parkingen pleine nature

se baigner dans un lac, la fraicheur d’une rivièreun océan, la mer Morte, un jacuzzi, une piscine à débordement

avoir son bacdes diplômes, travailler pour une association, une administration, une entreprise publique, une entreprise privée, sa propre entreprise, prendre un mois de congés, être à la retraite

se faire masserse détendre dans un saunaun hammamse faire faire une manucurepédicurefish-pédicurecoiffermaquiller

être demoiselle d’honneurtémoin d’un mariage, se marier

apprendre à jouer du pianode la guitarede la basse, du violon, de la clarinette, de l’accordéon, de la flûte

semer des fleurs, planter un arbre, cueillir des cerises, des trèfles à quatre, cinq, six, sept feuilles, manger les (petits) légumes qu’on a fait pousser

jouer d’un instrument en public, écrire des poèmes, des histoires, un roman, enregistrer une chanson avec les moyens du bordfaire partie d’une chorale

faire du scooterdu poneydu chevaldu chameaudu taureau mécanique, du traineau tiré par des chiens, par des rennes

créer un site webtenir un journalposer lors d’une séance photopasser à la télévision, être dans les crédits d’un cdparticiper à une manifestation

faire un bonhomme de neige, un ange de neige, de la poteriedu tricot, du crochet, de la couturedes perles à tisserde la pâte à modelerune cabane avec des draps

monter un meuble ikearepeindre un appartement, manger dans un restaurant gastronomique, avoir achevé cette liste.

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